Nord, mer du, mer bordière de locéan Atlantique,
limitée à louest par la Grande-Bretagne, au nord par les îles Shetland, à
lest par la Scandinavie et au sud par lEurope continentale.
Au sud, la mer du Nord communique avec la Manche par le détroit du pas de Calais tandis
quau nord-est elle est séparée de la mer Baltique par les détroits du Skagerrak
et du Kattegat. Ainsi délimitée, sa superficie est de 570 000 km2.
Elle appartient au plateau continental de lEurope du Nord-Ouest, dont elle prolonge
la plaine dans la baie allemande et la baie flamande.
Formation et structure géologique :
La mer du Nord résulte de la réduction progressive dun bassin sédimentaire dans
lequel se sont accumulés de 6 000 à 8 000 m de terrains datant du Permien
au Pléistocène. Elle a été exondée lors des régressions quaternaires. Le secteur
septentrional a été recouvert par les glaciers qui opéraient la jonction entre les
calottes dÉcosse et de Scandinavie. Ses fonds portent la marque de lérosion
glaciaire. Les formes les plus spectaculaires sont lauge norvégienne, profonde de
700 m, qui apparaît dans le Skagerrak et longe la Norvège jusquà
lAtlantique, ou encore les ombilics de surcreusement du Devils Hole, Buchan,
Fladen Ground. Les rivages voisins sont découpés par des fjords qui portent le nom de
lochs ou firths en Écosse. Les fonds sableux et graveleux qui caractérisent la mer du
Nord proviennent souvent des accumulations glaciaires. Nombre de hauts fonds (Dogger Bank,
Great Fisher Bank, Jutland Bank) au-dessus desquels la tranche deau est inférieure
à 20 m sont des restes dalignement de moraines qui se sont déposées lors des
différentes périodes glaciaires du Quaternaire.
La
partie méridionale non englacée fut occupée par un lac périglaciaire dont
lémissaire perça la voûte de lanticlinal qui, dans le prolongement du
Boulonnais, reliait le continent à lAngleterre. Cest lorigine du
détroit du pas de Calais, qui fut ennoyé par la mer lors de la transgression
flandrienne, voilà environ 10 000 ans. Les eaux de
locéan Atlantique pénètrent en mer du Nord par le pas de Calais au sud et en
contournant les Shetland au nord, ce qui explique leur forte salinité de
35 p. 1 000, abaissée à lest à 30 p. 1 000 par les
apports de la mer Baltique, et des eaux fluviales du Rhin, de lElbe, de
lEscaut et de la Meuse. La marée est de forte amplitude, le marnage atteignant de 4
à 6 m sur les côtes anglaises, flamandes et néerlandaises. Elle engendre des
courants de marée rapides qui remanient les fonds sableux et édifient de nombreux bancs
allongés parallèlement à la côte, dans la baie flamande et de la Tamise au Wash. Ces
bancs sont une gêne et un danger pour la navigation. Dans la baie allemande, ils
constituent un cordon dîlots bas (îles Frisonnes) derrière lesquels se trouvent
des marais maritimes, la mer des Wadden.
Mer
peu profonde (94 m en moyenne), fermée sur trois côtés, la mer du Nord connaît un
climat teinté de continentalité. Les eaux sont fraîches en été et froides en hiver.
Il arrive que la mer gèle dans le Skagerrak et la baie allemande. Lhiver est la
saison humide au cours de laquelle les brouillards sont fréquents tout comme les
tempêtes, engendrées par des vents violents de nord-ouest qui soulèvent des vagues de
plus de 10 m de haut (record de 18,4 m). Lorsque celles-ci coïncident avec des
marées de vive-eau, la mer peut submerger les terres basses aménagées en polders, de la
Belgique au Danemark. Ce fut le cas aux Pays-Bas en 1953 où 250 000 ha furent
inondés à la suite de ruptures de digues.
Rôle économique :
Malgré le risque que font courir ses tempêtes et ses bancs instables, la mer du Nord est
une des mers les plus fréquentées du globe. Elle offre de nombreuses ressources et borde
des États économiquement développés, réunis aujourdhui au sein de lUnion
européenne (sauf la Norvège). Les eaux de la
mer du Nord, bien éclairées, constamment brassées, sont riches en substances nutritives
(notamment en plancton) qui nourrissent de nombreuses espèces de poissons comestibles
(morues, harengs, maquereaux). Ceux-ci trouvent sur ses fonds des conditions propices à
leur reproduction. La mer du Nord est une grande zone de pêche depuis longtemps.
Cest là que furent inventées les techniques de la pêche moderne et industrielle
(pêche au chalut). Les prises annuelles sélèvent à environ 3 millions de t,
ce qui commence à poser des problèmes de surexploitation. Une réglementation a été
élaborée dans de cadre de lUnion européenne pour en limiter les méfaits.
Dans
la mer du Nord débouchent la Tamise, lElbe, la Weser, le Rhin, la Meuse,
lEscaut, qui drainent de grandes régions économiques (le bassin de Londres, la
Ruhr). Leurs fonds destuaires constituent des abris naturels où ont été
développés des ports de commerce (Londres, Hambourg, Anvers) qui, au prix
daménagements gigantesques, figurent, avec celui de Rotterdam, parmi les
plus
grands du monde et sont les têtes de ligne des grandes routes maritimes internationales.
Il sy ajoute les immenses plates-formes industrialo-portuaires (sidérurgie,
pétrochimie) comme celles de Dunkerque et de Rotterdam. Parmi les autres ports
principaux, on peut citer Zeebrugge et Ostende en Belgique et Aberdeen en Écosse.
Les besoins du
commerce et de lindustrie engendrent une circulation impressionnante de navires. En
moyenne, un millier dentre eux franchissent chaque jour le pas de Calais. Une
réglementation stricte est appliquée pour assurer la sécurité on évoque
des rails de navigation et une surveillance permanente essaie de limiter la pollution
(risque de dégazage des soutes des pétroliers).
Depuis
une quarantaine dannées, des ressources nouvelles ont été découvertes. Le
sous-sol de la mer du Nord renferme des gisements de gaz naturel et de pétrole. Des
plates-formes de forage ont été multipliées!; elles se disposent selon une bande
centrale qui court dEkofisk à Magnus en passant par Fortres et Brent. Des puits
dextraction partent des gazoducs et oléoducs aboutissant à des terminaux sur les
côtes britanniques, néelandaises ou norvégiennes. Les Pays-Bas et le Royaume-Uni sont
respectivement les quatrième et cinquième producteurs mondiaux de gaz naturel. Avec la
Norvège, ils extraient 183 milliards de m3 par an, soit 8,3 p. 100 de la
production mondiale. La Norvège possède, avec son gisement de Troll, les plus grandes
réserves sous-marine de gaz : 1,3 milliard de m3. Elle alimente, avec trois
gazoducs, lEurope (Europipe I, Europipe II) et la France (NorFra).
Lextraction pétrolière se fait de plus en plus à partir de navires-usines
baptisés unités flottantes de production, stockage et déchargement en mer (FPSO)!; elle
atteint 5,48 millions de barils par jour (un baril par jour équivaut à 50 t
par an). La Norvège et le
Royaume-Uni, avec respectivement 4,3 p. 100 (près de 140 millions de t) et
4 p. 100 (130 millions de t) de la production mondiale, se classent au
huitième et neuvième rang des pays producteurs de pétrole. Les réserves totales de la
mer du Nord sont estimées à 2 milliards de tonnes.